NOTES
Le récit de Tacite (Histoires, III, 38) est le suivant: « La mort de Junius Blésus, arrivée dans le même temps, occupa beaucoup la renommée. Voici ce que j'en ai appris. Vitellius souffrant d'une douloureuse maladie, vit, des jardins de Servilius, une tour voisine éclairée de nombreuses lumières. Comme il en demandait la cause, on lui dit que Cécina Tuscus donnait un grand festin dont on faisait à Blésus les principaux honneurs. On parla avec exagération d'appareil somptueux, d'éclats de joie immodérés. Il ne manqua pas de courtisans qui accusèrent Tuscus et les autres, mais Blésus plus amèrement que personne, "de se livrer aux plaisirs pendant que le prince était malade." Quand ceux dont l'oeil pénétrant épie les ressentiments des princes virent l'empereur aigri et la ruine de Blésus préparée, le rôle de la délation fut donné à L. Vitellius [frère de l'empereur]. Celui-ci, bassement jaloux de Blésus, parce qu'il sentait combien son nom, souillé de tous les opprobres, était au-dessous d'une renommée si pure, ouvre l'appartement de l'empereur, prend son fils dans ses bras, et tombe à ses genoux. Interrogé sur la cause de son trouble, il s'écrie "qu'il ne vient point amené par une crainte personnelle ni inquiet sur lui-même; c'est pour son frère, c'est pour les enfants de ce frère, qu'il apporte des prières et des larmes. Ah ! c'est à tort que l'on redoute Vespasien, à qui tant de légions germaniques, tant de provinces fidèles et courageuses, de si vastes espaces de terre et de mer, opposent une barrière. Ils ont dans Rome, ils nourrissent dans leur sein l'ennemi vraiment à craindre, un homme tout vain des Junius et des Antoines ses aïeux, et qu'on voit, affable et magnifique à la fois, étaler devant les soldats son origine impériale. Tous les esprits sont tournés de ce côté, tandis que Vitellius, ne distinguant ni amis ni ennemis, caresse un rival qui, de la table d'un joyeux festin, contemple les souffrances du prince. Il faut lui rendre, pour cette joie à contre-temps, une nuit morne et funèbre, ou il apprenne, où il sente que Vitellius est vivant, qu'il est empereur, et qu'à tout événement l’empereur a un fils."» La phrase n’est donc pas prononcée par l’empereur Vitellius mais par son frère, Lucius Vitellius.
Miracle de Google, la phrase de Tacite est citée par Camille Desmoulins au n° 3 du Vieux Cordelier. Mais Hugo connaît mieux Tacite.